La création du Front National : genèse d’un parti politique controversé
Ce mardi 7 janvier 2025, Jean-Marie Le Pen est décédé à l’âge de 96 ans. Homme politique controversé, il est le fondateur du plus gros parti d’extrême droite d’Europe. Retour sur la création du Front National.
Le Front National, aujourd’hui renommé Rassemblement National, est l’un des partis politiques les plus polémiques de l’histoire contemporaine française. Fondé en 1972, il a marqué le paysage politique par son discours populiste, son opposition à l’immigration, et son euroscepticisme. Revenons sur les origines de ce mouvement et les éléments ayant conduit à sa fondation.
Un contexte socio-politique propice
Les années 1970 en France sont marquées par des bouleversements économiques, culturels et sociaux. La décolonisation récente, notamment en Algérie, a laissé des traces profondes dans la société française.

L’arrivée de flux migratoires, conjuguée à la montée du chômage dans les années qui suivent le choc pétrolier de 1973, nourrit une partie de l’opinion publique en quête de repères identitaires. Sur le plan politique, la droite traditionnelle, dominée par des partis comme le RPR (Rassemblement pour la République), peine à répondre à certaines inquiétudes d’une frange conservatrice et nationaliste de la population. C’est dans ce climat de tensions que se dessine le terreau favorable à la création d’un mouvement politique revendiquant une ligne dure sur l’immigration, l’ordre public, et la souveraineté nationale.
La naissance du Front National
Le Front National pour l’unité française (son nom officiel à sa création) est fondé le 5 octobre 1972. Son principal artisan est Jean-Marie Le Pen, une figure politique déjà connue pour son activisme à l’extrême droite. Ancien député poujadiste dans les années 1950, Le Pen avait également servi comme parachutiste durant la guerre d’Algérie, un élément qui marquera durablement son discours politique.

Le FN rassemble dès ses débuts divers courants de l’extrême droite française : monarchistes, nationalistes, nostalgiques de l’Algérie française, et activistes issus de groupuscules néo-fascistes ou anticommunistes. Ces différentes factions s’unissent sous une bannière commune : la défense de l’identité française face à une prétendue menace étrangère et cosmopolite.
Les premières années et la marginalité
Dans ses premières années, le FN reste un parti marginal. Lors des élections législatives de 1973, il peine à dépasser 0,5 % des voix. Ses idées, jugées trop extrêmes, ne trouvent pas encore d’écho auprès de l’électorat, qui préfère des partis plus modérés.

Cependant, Jean-Marie Le Pen persiste et ajuste la stratégie du parti. Il mise sur la communication et sur un discours populiste, s’appuyant sur des thèmes clivants comme l’insécurité et l’immigration. L’utilisation d’un langage simplifié, proche des préoccupations de certains Français, commence à attirer l’attention des médias.
Un héritage politique durable
La création du Front National en 1972 a marqué un tournant dans la vie politique française. Ce parti a donné une voix institutionnelle à des courants idéologiques qui existaient jusque-là en marge de la scène publique. Si ses débuts furent modestes, il a progressivement transformé le débat politique en France, imposant des thèmes comme l’immigration, la sécurité et l’identité nationale au centre des campagnes électorales.
Aujourd’hui, sous la direction de Marine Le Pen, le parti – devenu Rassemblement National – poursuit son évolution. Bien que son discours ait été modéré pour élargir sa base électorale, les controverses autour de son passé et de ses idées continuent de susciter de vives réactions. En rétrospective, la fondation du Front National illustre comment un parti, né dans la marginalité, peut, en jouant sur les fractures sociales et les peurs, s’imposer comme une force politique majeure.