Dans les airs depuis 28 ans : le parcours inspirant de Gwendoline Vo, cheffe de cabine chez Air France
Après bientôt 30 ans et une carrière bien remplie, Gwendoline Vo, cheffe de cabine chez Air France. À l’heure où les plans sociaux se multiplient et les taxes sur la solidarité soulèvent des questions, Gwendoline nous raconte son métier et ses conditions de travail.
C’est lors d’une journée froide de décembre que je rencontre Gwendoline Vo dans un restaurant situé dans le 15ᵉ arrondissement de Paris. C’est une femme souriante, mais fatiguée qui se présente à moi. Elle m’explique qu’elle rentre tout juste d’un vol au Brésil et que malgré l’habitude, le décalage horaire fait toujours effet. Vêtue d’un pull gris et d’un jean bleu, elle s’installe sur une table dans une salle bondée.
« Bonjour, je m’appelle Gwendoline Vo » dit-elle avec un sourire un peu gêné. C’est sa première interview. « Ça fait 28 ans que je travaille au sein d’Air France en tant que PNC (Personnel Navigant Commercial), et ça va faire bientôt huit ans que je suis cheffe de cabine. » Avec une carrière de près de trois décennies, Gwendoline Vo est devenue une figure emblématique des cieux, incarnant l’excellence et l’engagement au service des passagers.
Son entrée chez Air France, cependant, tient plus du hasard que d’une vocation précoce, m’explique-t-elle en rigolant. « Moi, mon père travaillait chez Air France. J’avais fait des études de mathématiques et un jour, j’en ai eu assez. Mon père m’a alors dit qu’Air France recrutait, et c’est comme ça que tout a commencé. » Elle rejoint ainsi l’entreprise sans imaginer que cet emploi deviendrait une véritable passion. « J’ai voyagé très jeune, mais je ne m’étais jamais dit que travailler dans les avions serait mon avenir. » « Maintenant, j’adore mon métier. »
Le quotidien de Gwendoline Vo, notamment sur les vols long-courriers, est bien rodé mais loin d’être routinier. « On pointe 1h45 avant le décollage, avec plusieurs briefings pour se coordonner entre équipage. Ensuite, il y a l’embarquement, les services à bord, deux veilles actives pour veiller à la sécurité et au confort des passagers, puis le deuxième repas avant l’atterrissage. » Et lorsque je lui demande si les destinations récurrentes rendent le métier banal elle sourit en hochant la tête de droite à gauche comme pour réfuter mon propos « Même si c’est une destination que je connais, les passagers et les équipages différents rendent chaque vol nouveau. »
Soudain le serveur arrive et nous coupe dans l’entretien. Une fois les plats commandés, je reprends mes questions. L’atmosphère commence à se détendre, la pièce se vide et Gwendoline parle plus librement comme débarrassé du stresse des premières questions.
Si son métier est enrichissant, il comporte aussi des défis. Gwendoline Vo souligne l’importance d’un bon état d’esprit et d’une hygiène de vie rigoureuse : « Il faut aimer le contact humain, être empathique et avoir une bonne constitution. Les décalages horaires, les nuits blanches et les maladies éventuelles ne sont pas à prendre à la légère. »
« Quand des familles vous remercient parce qu’elles ont passé un vol agréable, c’est très touchant. » confit-elle avec un large sourire comme prouvant sa passion pour son métier. Son rôle de cheffe de cabine lui demande aussi de gérer les imprévus. Elle raconte avec le sourire une anecdote marquante : « Sur un vol Paris-Rio, un passager a tenté de mettre le feu à un siège après avoir importuné une autre passagère. Il a fallu l’immobiliser et organiser un atterrissage d’urgence à Madrid sans alarmer les autres passagers. » Elle m’explique bien que cette anecdote fait rire avec le recul mais que les agressions de passagers envers eux ou encore d’autres passagers sont récurrentes.
Malgré les contraintes du métier, comme les absences lors d’événements familiaux ou les tensions internes dues aux réductions de personnel, elle garde une vision positive : « Quand on est à bord, on est là pour faire notre travail. Et j’ai toujours été contente d’aller travailler. »
Je viens alors sur le sujet des différents plans sociaux et de l’ambiance global au sein de son entreprise, son regard se crispe et un léger sourire d’énervement apparait. « Alors, en fait, chez Air France, c’est comme dans toutes les autres sociétés. C’est-à-dire qu’on essaie toujours de réduire les coûts. » Elle détourne son regard, se sert un verre d’eau qu’elle boit d’une traite et reprend « Comment est-ce qu’on peut réduire les coûts ? Pas avec les avions, c’est évident, ni avec le carburant parce que ce n’est pas la tendance. » sourit-elle « Donc, on réduit les coûts avec le personnel. On essaie toujours d’avoir moins de monde à bord ou moins de monde même dans les aéroports et essayer de fournir un service, au moins le même service, voire un service de meilleure qualité. Ce qui, en soi, n’est pas très logique. Donc, parfois, ça peut être assez tendu. »
Je continu sur le sujet qui, je sens, la passionne au vu de la longueur et de la pertinence de la réponse. Je lui demande alors si elle sent une augmentation de la charge de travail. « Quand on augmente les charges de travail à bord, tout ce qu’on fait est vraiment écrit au moindre mot et tout est validé par les syndicats. Et donc, chaque charge supplémentaire doit être validée. Et quand, en fait, on vous demande de modifier le service alors qu’on vous a enlevé une ou deux personnes, c’est un peu compliqué. Mais après, on ne le ressent pas à bord, en fait. Nous, on en parle entre nous, on sent le mécontentement. Après, c’est entre nous et la direction. En revanche, quand on est à bord, on est à bord, on est là pour faire notre travail. Donc, souvent, si vous êtes passagers, vous ne le savez pas. Oui, bien sûr. Il y a des tensions entre le personnel et la direction. Après, oui, ça, c’est quelque chose qui arrive, malheureusement, dans toutes les entreprises. C’est un peu la tendance. Ce n’est pas uniquement sur Air France.
Pour finir sur une note plus positive alors que le café arrive, je lui demande ses destinations favorites. « J’adore le Brésil pour sa diversité, du carnaval de Rio aux musées de Sao Paulo. Le Vietnam, évidemment, pour mes origines. Et Salvador, une de mes destination récente, pleine de charme. »
À 28 ans de carrière, Gwendoline Vo reste une ambassadrice passionnée de l’aviation civile, apportant aux passagers d’Air France une expérience aussi sûre qu’humaine. « Ce métier, c’est avant tout l’humain. » conclu-elle avant de partir, son prochain vol quitte Roissy Charles de Gaulle à 17h, cette fois ci direction Washington.