« Anora » : la relève du cinéma indépendant américain ?

Ce mercredi 30 octobre 2024 sort dans toutes les salles de France le nouveau chef-d’œuvre du réalisateur Sean Backer. Après « Red Rocket », le lauréat de la palme d’or va tenter de continuer le succès des films indépendants américains en France.

Salué par toute la critique française et internationale, « Anora » le dernier petit bijou du cinéma indépendant sort enfin en salle après un été exceptionnel avec comme consécration la palme d’or cannoise. Ce film s’inscrit dans la lignée du cinéma indépendant américain avec des œuvres comme « Get Out » (Jordan Peele, 2017) ou encore « Moonlight » (Barry Jenkins, 2016) mais est-il réellement novateur dans ce mouvement ou va-t-il laisser une trace au sein du cinéma indépendant ? Nous avons demandé à Maxime Borie, créateur et rédacteur en chef du podcast « Les Cinéphages ».

« Anora est un pied de nez au capitalisme »

Question 1 : « Peux-tu nous présenter le film ? »

Maxime Borie : « Le film « Anora » suit Ani, une danseuse de New York de 23 ans, qui gagne parfois de l’argent en rencontrant des clients en dehors de son travail. Elle rencontre Ivan, fils insouciant d’un riche oligarque russe, qui lui propose de la payer pour passer du temps avec lui. Après une semaine de fête à Las Vegas, ils se marient impulsivement, mais les parents d’Ivan découvrent le mariage et tentent de le faire annuler. Le film explore les thèmes du pouvoir, des illusions de liberté, et des choix complexes dans un contexte de capitalisme moderne. « Anora » rappelle « Good Time » des frères Safdie, abordant des thématiques similaires autour du mythe américain, du matérialisme et des excès. »

« Le cinéma indépendant se veut un représentant de tout ce que Hollywood n’est pas »

Question 2 : « Parle-nous un peu du mouvement du cinéma indépendant américain. »

M.B. : « Sean Baker incarne parfaitement la mouvance du film indépendant américain, caractérisé par une production en dehors des grands studios, souvent avec des budgets modestes et des financements privés. Ce style permet une liberté créative accrue, favorisant des thèmes sociaux, politiques et psychologiques abordés de manière réaliste et personnelle. Depuis les années 1990, avec l’essor de festivals comme Sundance, le cinéma indépendant est devenu une plateforme pour les nouveaux talents et a influencé l’industrie en encourageant des approches plus expérimentales. »

« Je ne pense pas que le film marquera un tournant malgré sa palme d’or »

Question 3 : « Penses-tu que ce film va marquer un tournant dans le cinéma indépendant ? »

M.B. : « Non, le film « Anora » ne marquera pas un tournant malgré une éventuelle reconnaissance critique, car le succès économique reste le principal critère d’influence à Hollywood. Contrairement à des films comme « Get Out » et « Everything Everywhere All at Once », qui ont eu un immense succès commercial et des récompenses prestigieuses aux Oscars, « Anora » pourrait rester un film d’auteur à succès limité. Le film, produit dans une logique proche de celle d’A24, offre une liberté totale au réalisateur, mais son audience risque de se limiter à un public cinéphile averti, tout en inspirant potentiellement de jeunes créateurs. »

En attendant le succès commercial, ou non, de ce film en France, le rendez-vous est pris dans les salles de cinéma partout en France.

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