Pourquoi les Français ont encore (beaucoup) a apprendre sur le café ?
Bien que le café soit une boisson incontournable en France, sa consommation reste largement standardisée. Entre qualité, éthique et diversité, les Français ont encore beaucoup à apprendre pour devenir de véritables connaisseurs.
Le café, cette boisson chaude emblématique, fait partie intégrante de la culture française. Consommé par neuf Français sur dix, il accompagne nos matinées, nos pauses et nos discussions. Pourtant, bien que la France soit l’une des nations où le café est le plus apprécié, sa consommation reste très liée à l’espresso (que l’on conjugue espressi au pluriel) du comptoir plus qu’à une réelle dégustation de produit de qualité.
Une consommation encore trop standardisée
Bien que la moyenne de consommation annuelle de café soit de 3 kg par habitant, le choix des Français reste souvent orienté vers des produits de grande distribution. Philippe Exbrayat, créateur de La Fabrique du Café à Limoges, constate que beaucoup de consommateurs se contentent encore de cafés bas de gamme : « Petit à petit, on cherche à boire un meilleur café, mais la transition est lente. »

L’essor des machines à dosettes a certes permis une amélioration de la qualité moyenne, mais il reste une marge de progression. Par exemple, bien que 30 % des consommateurs se tournent aujourd’hui vers des produits haut de gamme, ce chiffre pourrait croître si l’accès à des produits de qualité était mieux démocratisé.

Une sensibilisation encore insuffisante
La traçabilité et l’éthique sont des thématiques de plus en plus importantes pour les consommateurs, mais le chemin est encore long. Téry Cyprien, directrice commerciale chez Belco, principal importateur de café en France explique : « Notre rôle est d’accompagner cette transition vers un café plus traçable, moins polluant et avec une chaîne de valeur respectueuse des producteurs. »

« C’est un pari audacieux, mais qui permet de proposer une alternative plus respectueuse de l’environnement »
Malgré cela, seuls 40 % des cafés consommés en France sont aujourd’hui labellisés (bio, équitables, etc.), un chiffre qui souligne le retard français par rapport à d’autres pays européens comme la Suède ou l’Allemagne. Les initiatives novatrices, comme le transport du café à la voile pour réduire l’impact écologique, restent encore marginales.
L’émergence des coffee shops et des cafés de spécialité
Depuis les années 2010, un nouveau souffle a émergé grâce à l’ouverture de coffee shops inspirés des modèles nord-américains et scandinaves. La recherche de qualité et d’authenticité est au cœur de ces établissements. Philippe Exbrayat se souvient de l’impact de pionniers comme la Caféothèque à Paris : « Ces lieux ont changé la perception du café en France en mettant l’accent sur la torréfaction artisanale et l’origine des grains. »

Cependant, beaucoup de Français restent attachés à des formats classiques comme l’espresso ou le café filtre, tandis que les créations plus originales, telles que le matcha latte ou le pumpkin spice latte, peinent à s’imposer durablement : « Ce sont des modes qui vont et viennent », ajoute-t-il.
Une éducation du consommateur à approfondir
Le défi majeur reste d’éduquer les consommateurs à apprécier un café de qualité et à comprendre les enjeux de la filière. Alors que les ventes aux enchères de cafés d’exception attirent les amateurs avertis, le grand public a encore tendance à sous-estimer la diversité des saveurs et l’importance des pratiques agricoles respectueuses.

Pour que les Français deviennent de véritables connaisseurs, il est essentiel de promouvoir une culture du café allant au-delà de l’acte de consommation. Cela passe par des initiatives comme des ateliers de dégustation, des campagnes de sensibilisation sur l’origine des produits et une meilleure accessibilité à des cafés éthiques.
Des clichés encore bien tenace en France
En France, les idées reçues sur le café restent profondément ancrées. Beaucoup pensent encore que l’espresso doit obligatoirement être consommé avec du sucre pour être apprécié, ou que le café filtre, pourtant plébiscité par les baristas pour sa subtilité, serait une boisson fade et insipide.
En réalité, le café filtre est l’une des meilleures façons de savourer un bon café : cette méthode d’extraction libère pleinement les arômes et produit une boisson naturellement riche en caféine. Contrairement aux idées préconçues, l’espresso contient très peu de caféine, car cette molécule se développe davantage lors d’une extraction longue, comme celle du café filtre. Par ailleurs, une amertume excessive, souvent perçue comme un signe de qualité, reflète en fait un défaut, généralement causé par une extraction mal maîtrisée ou une torréfaction trop intense.

À l’image du vin, le café est un produit noble dont les saveurs varient en fonction de l’origine des grains, des variétés botaniques et des techniques de préparation.

Bien que les habitudes de consommation de café en France aient évolué, il reste un long chemin à parcourir pour réellement égaler les standards des pays les plus avancés en matière de culture caféière. Entre sensibilisation écologique, innovation et diversité gustative, les Français ont encore beaucoup à apprendre pour transformer une simple habitude quotidienne en une expérience authentique et responsable.